Pour empêcher l’agrément d’aumôniers relevant du culte des Témoins de Jéhovah, le président de la Miviludes met en avant la dangerosité et le prosélytisme qui en découlerait à l’intérieur des lieux de détention [1].
Pourtant, comme le signale Jean-Claude Pons, en tant que porte-parole du Consistoire national des Témoins de Jéhovah sur France Culture :
« Il y a plus d’une vingtaine d’années en arrière, il y avait des objecteurs de conscience Témoins de Jéhovah dans les prisons. Et à l’époque, les ministres du culte pouvaient leur rendre visite et avoir des salles dans lesquelles le culte était exercé [2]. »
Dans l’ouvrage collectif Réveil du religieux - Éveil de la société, Me Philippe Goni et Me Michel Trizac, avocats à la Cour d’appel de Paris, confirment l’absence de trouble durant leur présence et les facilités accordées à la pratique de leur culte à l’époque :
« Pendant toute cette période, l’administration pénitentiaire n’a pas émis la moindre plainte à l’encontre de cette population carcérale très particulière. Bien au contraire, celle-ci a constitué une main d’œuvre de confiance largement utilisée pour le fonctionnement de ses établissements. Respectueuse des convictions de ces détenus réfractaires au service militaire, l’administration pénitentiaire leur accordait de nombreuses facilités pour pratiquer leur culte en prison : mise à disposition de salles de réunions, tenue d’offices religieux, visites régulières et sans restriction de ministres du culte Témoins de Jéhovah, de facto aumôniers [3]. »
Effectivement, loin de perturber l’organisation interne des centres pénitentiaires, ils avaient gagné une confiance suffisante pour se voir confier diverses tâches qui contribuaient à leur bon fonctionnement. Aussi leur absence a-t-elle suscité des regrets, lorsque le ministère de la Défense a trouvé une solution pour que ces objecteurs de conscience effectuent un service civil de remplacement :
« Dans l’immédiat, les plus à plaindre sont les directeurs d’établissements pénitentiaires. Ils risquent en effet d’être orphelins de leurs plus zélés supplétifs. Détenus modèles, les Témoins de Jéhovah dévolus à des missions de confiance contribuaient largement à faire “tourner” les maisons d’arrêt [4]… »